Une histoire de marteau...

Paul WATZLAWICK dans "Faites vous-même votre malheur" un de ses ouvrages paru aux éditions du Seuil en 1984 raconte une histoire de marteau :

" Celui-ci veut accrocher un tableau. Il possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, que notre homme décide d'emprunter. Mais voilà qu'un doute le saisit.

Et si le voisin s'avisait de me le refuser ? Hier, c'est tout juste s'il a répondu d'un vague signe de tête quand je l'ai salué. Peut-être était-il pressé ? Mais peut-être a-t-il fait semblant d'être pressé parce qu'il ne m'aime pas ! Et pourquoi ne m'aimerait-il pas ? J'ai toujours été fort civil avec lui, il doit s'imaginer des choses. Si quelqu'un désirait emprunter un de mes outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein ? Comment peut-on refuser un petit service de cette nature ? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un chacun ! Il s'imagine sans doute que j'ai besoin de lui. Tout ça parce que Môssieur possède un marteau. Je m'en vais lui dire ma façon de penser, moi !

Et notre homme se précipite chez le voisin, sonne à la porte et, sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s'écrie, furibond : "Et gardez-le votre sale marteau, espèce de malotrus !"

Combien de nos prises de positions, prises de parole sont le fruit de ce mécanisme implacable de la lecture de pensée ? Faire nous même dans un dialogue imaginaire les questions et les réponses et asséner, de manière abrupte, à l'autre la seule conclusion de notre raisonnement intérieur... C'est un très bon moyen de faire son propre malheur car cette manière de procéder est idéal pour générer en face de vous rancoeur, incompréhension, colère...

En plus, c'est facile de commencer, il suffit de s'entraîner à dire régulièrement avant que l'autre ait pu dire quoi que ce soit : "je sais bien ce que tu penses..." Essayer, vous verrez c'est très efficace pour créer une situation conflictuelle !



Paul WATZLAWICK / Faites vous-même votre malheur / Seuil 1984

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le conte chaud et doux des Chaudoudoux...

Un portrait positif des jeunesses au travail : au-delà des mythes

Tous au bureau ! ou pas...